Bonjour,
Je reprends votre problème à la fraîcheur du matin, plus propice :-)
Post by gospanJe précise le contexte, la maison à plus de 100 ans.
C'est important : nous y reviendrons après.
Post by gospan1- La bordure des tuiles et la génoise dépassent le mur de la maison de
30/40cm environ.
Dans le cadre d'une construction nouvelle, le code de l'urbanisme est
clair : soit on construit à 3 mètres de la limite de propriété soit on
construit au ras de cette limite.
Dans ce cas, c'est la _fondation_ qui doit être à la limite : pas à
cheval dessus, pas en retrait derrière, pas de l'autre côté de la
limite.
On prend le bord extérieur de la fondation et le mur extérieur doit
s'élever à la verticale de ce bord.
Donc, en matière de construction nouvelle, vous ne devez jamais déborder
de cette verticale et les débords, surtout s'ils concernent l'évacuation
des eaux de pluie ne doivent pas dépasser cette ligne verticale.
En effet, vous devez faire déverser vos eaux de pluie chez vous et pas
directement chez le voisin.
Après, si la pente naturelle les dirige chez votre voisin, sans aucune
intervention de votre part, c'est une servitude naturelle et il ne peut
s'y opposer.
Post by gospan2- Il n'y a aucune bornes ni clôture qui précisent la limite
Oui, si le voisin estime necéssaire de faire pratiquer un bornage c'est
précisément parce qu'il n'y a pas de bornes :-)
Quand à la clôture, c'est souvent une fausse bonne amie.
Pour l'anecdote, quand j'ai acheté une ancienne pâture pour construire,
il y avait une clôture en barbelé sur un côté.
Quand le géomètre est venu borner avant que je fasse construire, il a
constaté que la clôture était en retrait de 50 cm en ma faveur par
rapport à la limite : le voisin avait procédé ainsi par précaution, pour
ne pas être obligé de déplacer cette clôture s'il s'était trompé
d'alignement.
Sage précaution de sa part :-)
Post by gospan3- L'imprécision du cadastre en cet endroit est de l'ordre du mètre
C'est souvent le cas en rural : voyez mon exemple de clôture.
Le géomètre en tiendra compte.
Post by gospan4- La tradition orale ne dit rien sur le sujet d'après les plus anciens
du village
Ce qui est important, c'est la date de construction de l'immeuble qui
est déjà sur le terrain (je vous avais dit qu'on y reviendrait).
Plus de 100 ans, ça ouvre l'hypothèse d'une acquisition possessoire (la
prescription acquisitive est de trente ans) de la partie du terrain que
les surplombs dominent.
Si jamais personne n'a remis en cause ces surplombs précédemment, il est
logique de considérer que la limite est, au pire, à la verticale de
ceux-ci.
Le géomètre en tiendra compte également si vous attirez son attention
dessus.
Post by gospan5- De mon souvenir d'enfant derrière cette maison à l'endroit du litige
il y avait un fossé, qui servait de drain pour les eaux de pluies,
depuis environ 2 ou 3 ans, Jean à fait un mur au contact de la maison de
Philippe et a comblé ce fossé.
Premier point :
Combler ce genre de fossé n'est pas du tout une bonne idée.
C'était probablement la matérialisation d'une servitude d'écoulement des
eaux de pluie (j'en avais une aussi au milieu de mon terrain) et ce
genre de servitude ne se prescrit pas par le non-usage.
Il serait bon de remonter dans le temps par le biais du cadastre et de
la conservation des hypothèques (un notaire sait faire et un géomètre
aussi) pour vérifier si cette servitude était mentionnée auparavant.
Quelques explications complémentaires ici :
<http://voisinage.comprendrechoisir.com/comprendre/servitude-eaux-pluviales>
Deuxième point : ce que je vous ai dit précédemment sur la construction
à trois mètres ou à la limite vaut pour la construction de Jean.
Il a pris le risque de construire avant tout bornage et ce comblement du
fossé d'écoulement me fait tiquer.
Le Code Civil précise d'ailleurs, à ce propos :
Article 640
Les fonds inférieurs sont assujettis envers ceux qui sont plus élevés à
recevoir les eaux qui en découlent naturellement sans que la main de
l'homme y ait contribué.
Le propriétaire inférieur ne peut point élever de digue qui empêche cet
écoulement.
Le propriétaire supérieur ne peut rien faire qui aggrave la servitude du
fonds inférieur.
Article 641
Tout propriétaire a le droit d'user et de disposer des eaux pluviales
qui tombent sur son fonds.
Si l'usage de ces eaux ou la direction qui leur est donnée aggrave la
servitude naturelle d'écoulement établie par l'article 640, une
indemnité est due au propriétaire du fonds inférieur.
La même disposition est applicable aux eaux de sources nées sur un
fonds.
Lorsque, par des sondages ou des travaux souterrains, un propriétaire
fait surgir des eaux dans son fonds, les propriétaires des fonds
inférieurs doivent les recevoir ; mais ils ont droit à une indemnité en
cas de dommages résultant de leur écoulement.
Les maisons, cours, jardins, parcs et enclos attenant aux habitations ne
peuvent être assujettis à aucune aggravation de la servitude
d'écoulement dans les cas prévus par les paragraphes précédents.
(...)
Bref, je pense que Jean s'est mis dans son tort, qu'il s'en est rendu
compte et que sa demande de bornage vise à faire pérenniser (voire
"légaliser" s'il a l'esprit tordu at pseudo juridique) sa propre
construction aux dépens de Philippe.
Post by gospanSur le moment Philippe n'a pas protesté, car il n'a pas mesuré les
conséquences, mais il se trouve que depuis cette date il a couramment de
l'eau qui pénètre chez lui a chaque gros orage et de façon importante.
A savoir aussi l'ancien fossé a été comblé avec des pneus, Jean
prétend qu'il s'agit d'un drain chinois (si si c'est véridique !...)
Philippe a des recours puisqu'il subit un préjudice.
Relisez les deux articles du code civil que j'ai cités.
Mais il vaut mieux avoir un avocat parce que rédiger une assignation
n'est pas évident quand on n'a pas un minimum de connaissances
juridiques :
<http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F1783.xhtml>
Post by gospanDonc actuellement Philippe suppose que le bornage va concerner la limite
séparative en cet endroit critique pour lui, ailleurs il n'est pas à 50
cm prés.
C'est bien supposé.
Post by gospanA mon sens en l'absence de tout autre repère fiable (bornes, actes,
clôtures, et compte tenu de l'imprécision du cadastre) , le bon sens
voudrait que le bornage soit fait à minima à l'aplomb du débordement des
tuiles.
Oui, c'est ce qui semble le plus logique et ce que retiendra
probablement le géomètre si Philippe lui fait part de tous les éléments
que vous venez de nous donner à lire.
Post by gospanSi ce n'est pas le cas il n'a pas a signer le bornage qui est réalisé à
la demande de Jean.
Effectivement.
Dans ce cas le bornage sera fait suivant une procédure judiciaire, ce
qui est pobablement mieux pour Philippe.
Post by gospanQu'en pensez vous ?
Philippe doit noter tous ces éléments sur un document qu'il remettra au
géomètre dès la première réunion avec celui-ci.
Il pourra compléter par la suite s'il lui revient des éléments
complémentaires mais ça sera déjà une bonne base de travail.
--
"Les hommes constituent, de par le monde,
entre 90% et 100% des criminels, des pédophiles,
des violeurs, des généraux, des chefs d'état
et des grands leaders religieux."